Dad aiss toch veeze palmenhout zaile !
Comme promis je te fais parvenir un "stuut" que j'ai effectué en solo pendant mon adolescence. Ce "stuut" je l'ai commis pour honorer à ma façon le dimanche des rameaux, la manière n'est certainement pas recommandable mais s'il y a un "PEI" là-haut, il te confirmera que j'avais beaucoup de circonstances atténuantes.... Je raconte.
"En avril 1957 -- j'avais 14 ans -- pas d'argent -- et remarqué qu'à l'occasion du dimanche des Rameaux il m'était possible de gagner quelque argent en vendant des rameaux ce jour là !
C'est avec ce projet en tête que le dimanche précédent je découvris au boulevard Guillaume Van Haelen, une maison dont le jardinet avant était orné d'un magnifique arbuste taillé en "sphère" et dont le feuillage était à mes yeux des rameaux...
Vers la nuit tombante muni d'un sac poubelle et d'une cisaille je me suis tapi sous l'arbuste et j'ai commencé à tailler, tailler, et mon sac rempli j'ai détalé à la maison.
Le lendemain j'ai confectionné des sortes de petits bouquets avec du fil blanc sous l'oeil de ma mère qui regardait tout cela avec perplexité en répétant en bruxellois "dad aiss toch veeze palmenhout" (ce sont quand même de drôles de rameaux !).
Dimanche des Rameaux : comment faire pour bénir mes rameaux ? Ben, j'ai été avec d'autres vendeurs à l'église de la place du Jeu de Balle ou le curé à volontiers béni mes "drôles de rameaux" volés.
J'ai vendu toute la journée mes "drôles de rameaux" et j'ai récolté 218 frs -- une fortune. Inoubliable.
Je suis passé la semaine suivante devant la "maison aux rameaux", c'était horrible, horrible, car du magnifique arbuste taillé en "sphère" il ne restait plus qu'un espèce de plumeau végétal...
Des 218 frs que cet arbuste m'a permis de gagner, j'en ai donné 150 frs à ma mère (pour le ménage), moi j'ai pu aller en ville voir le film événement de l'année : "les 10 commandements", rue Neuve au cinéma l'Etoile.
A l'entracte je me suis offert un chocolat glacé praliné "Alaska" et après le cinéma j'ai acheté un paquet de frites avec mayonnaise et petits cornichons près de l'église St-Nicolas.
Tous mes modestes rêves étaient comblés, quelle magnifique soirée !!!
Ainsi chaque année lorsque se profile le dimanche des Rameaux ou quand je passe au boulevard Guillaume Van Haelen j'ai TOUJOURS une pensée émue envers mon arbuste de veeze palmenhout. Cet arbuste existe toujours.
P.S. : cette anecdote est rigoureusement authentique. L'année suivante je récidivais l'expérience
avec cette fois de "vrais rameaux" et d'autres avatars, mais ça c'est une autre HISTOIRE !"
Merci à Gilbert Delepeleere pour ses histoires croutillantes