Les Halles Centrales étaient situées rue de la Vierge Noire, c’est la ville qui décida de construire celles-ci en 1873 à la place de l’ancien lit de la Senne.
Composée de deux ailes, et séparée par un passage menant à la rue Grétry.
Ce fut le pôle du négoce jusqu’en 1892.
sous l'occupation....
En 1893, l’aile nord (dit le Pôle Nord) fut aménagée en une vaste patinoire l’hiver et l’été se muait en un music-hall de 2.000 places (Palais d’Eté).
Durant 40 ans, l’endroit ne se désemplit jamais…
Durant la guerre de 40-45, il y avait un vaste cynodrome (piste qui sert aux courses de Lévriers) avec lapin mécanique…. Un vrai lieu de paris !
En 1916, durant les temps difficiles, ont y faisait la file pour un peu de beurre
A l'occasion du 75ème anniversaire de la Belgique. Cortège de St Médard patron des Jardiniers à la fête de Halles et Marchés bruxellois
En vue de la transformation radicale du Vieux Bruxelles et afin d’accueillir les touristes durant l’exposition de 1958, la ville décida en 1957 de démolir l’aile gauche pour faire place à un vaste parking nommé « Parking 58 »….
L’aile sud fut maintenue jusqu’au milieu des années 60…. Le rez-de-chaussée fut occupé par le magasin PRIBA.
A ce jour, ce bloc de béton et ce parking défigurent le quartier !
Les halles de Bruxelles ont une physionomie particulière. C’est le meilleur endroit pour y découvrir les habitants sous leurs véritables aspects. On y savoure la réelle personnalité de chacun et le savoureux accent de la ville résonne à chaque coin de rue.
Ce sont comme on dit : « les gagne-petit »… ceux qui exercent toutes sortes de métiers pour pouvoir joindre les deux bouts.
Malgré le fait que Bruxelles s’agrandit et s’embourgeoise peu à peu, il y a aussi les familles nombreuses qui vivent dans des quartiers plus pauvres et qui font face au coût de la vie qui devient jour après jour de plus en plus chère.
Lorsque l’on a plusieurs bouches à nourrir, il faut se débrouiller et accepter d’effectuer son commerce à même le trottoir….
Combien de ces humbles ne se rencontraient-ils pas dans les rues à l’époque et dont l’existence dépendait d’abord du temps, puis de l’intérêt public ?
Ces cris disparus ou noyés dans le brouhaha actuel, resteront pour nous le symbole de la vie quiète et assurée, à jamais perdue…..
Dans les halles, partout s’empilent les fruits, les légumes, les poissons, les viandes, les volailles, les fleurs… toutes sortes de victuailles sont exposées en attente de la criée…
Après transactions en publique, toute cette marchandise quitte colis par colis, les halles en direction des marchés.
A la criée aux poissons, les poissons de rivière et de mer sont entassés dans d’énormes paniers.
Dans la galerie les revendeurs et les restaurateurs se disputent franc par franc les lots. Le tout se déroule dans une ininterrompue criaillerie et dans un brouhaha continu.
Certains s’apostrophent et dans un langage assez coloré reprochent aux vendeurs la hausse des prix.
Sitôt l’achat conclut, le marchand empoigne son lot et s’en va en direction d’un marché pour revendre à son tour et pour un maigre bénéfice sa découverte du jour.
Au marché aux poissons, il y a plusieurs longues rangées d’étals. Les poissonnières sont au poste, guettant le regard du client. Gare à sa voisine si celle-ci vend d’avantage ou rabat ses prix !
C’était aussi la brouette chargée de trois larges paniers plats, hauts d’un peu plus d’une main sur champ et superposés, grouillants d’anguilles. Un long cri en deux notes « Pa…ling » attirait la ménagère munie d’un récipient dans lequel s’agitaient aussitôt les anguilles écorchées et dépouillées, jetées une à une avec dextérité par la marchande.
Le spectacle plutôt répugnant mais irrésistible à notre curiosité, se renouvelait chaque semaine.
On entendait aussi les cris de « Guèrenaude en crabbe » ! « Caricole ! Caricole » ! Ce sont les crevettes et les carrick attendus. Le vendredi, c’est la brouette chargée d’un sac de moules et l’annonce « Mosselo » modulée par le marchand.
Au bout d’un certain temps, l’odeur de la marée vous gagne les narines et vous pousse au dehors.
A la criée aux légumes, les restaurateurs et les verdurières se disputent les prix. A chaque vente de colis, on ouvre le suivant et on le présente au public. Le crieur, une main dans la poche et l’autre levée se pique d’être « dans le vent » et se force à parler un français « pincé ».
A la criée de la viande, le monde s’amasse … c’est à cet endroit que se décidera la base du plat du jour que le restaurateur servira à la carte et que la ménagère présentera à sa grande famille. Les prix sont tellement intéressants que les bouchers de la ville rougissent de colère.
Un peu plus loin, il y a le domaine « crèmerie »… du beurre, du fromage, des œufs…. Les marchandes vous accostent le bras tendu avec ou bout d’un couteau la preuve de la qualité de son produit. Il faut dire qu’en ces temps, la rumeur rapporte que certaines « victuailles » sont « artificielles » !
Soudain résonne au lointain « Mosselen … les huîtres du peuple »… et là se plante un marchand avec une brouette remplie de moules…. De la gastronomie au détail ! …. De vieille tradition religieusement respectée par les bruxellois et pour deux centimes, il vous est permis de manger des moules crues… En général, entre la dixième et la quinzième moule, et à cause de la sauce qui les accompagnent, vous êtes gagné par une petite toux…
Aux environs des halles et de chaque marché, il y a aussi la marchande « de contrebande »… panier au bras, elle exerce sans patente un commerce qui risque de lui rapporter plus d’ennuis que de réels bénéfices…. Souvent, la police les chasse….
Trienneke et ses fleurs à la bourse … arrivée à l’aube, elle quitte son emplacement qu’à la tombée du jour…. Longtemps elle a fait partie du folklore du quartier….
Nille de citroenwaaif…. Pétronille la marchande de citron s’était établi rue de Flandre… proche du vismet…
Swaske débite sa marchandise à l’abri d’une porte cochère près du Marché Ste Catherine…chaque jour, elle y vend des œufs, du beure et du fromage…
Tanneken (Anna) se promène sur le boulevard, d’un côté à l’autre de la chaussée, son panier empli de petits bouquets qu’elle confectionne la nuit.
Le marchand de mouron
Voici quelques expressions bruxelloises :
Aberdoen : désigne la ville d’Aberdeen en Ecosse, l’endroit de la pêche à la morue.
« Rotten aberdoen » : injure désignant une personne âgée négligée.
Afzetter : voleur à la petite semaine
Babbeleir : personne qui parle beaucoup et souvent sans discernement
Bibberer : trembler …. Avoir le « bibbe »
Bleiter : personne qui se plaint à tout propos
Buffel ou Goulaf : Gros mangeur … gourmand…. Glouton …
Deevegge : Voleuse
Den deuvel on â nek : (le diable sur la nuque)…. Va au diable !
Doemei ben ik dik (avec ça je suis gros) : « Ca me fait une belle jambe » !
Gardevil : agent de police ou on peut dire aussi Ajoen (oignon) … qui faisait allusion à la forme de leurs casques
Ieten Boek : chaud lapin
Loerik : paresseux